mercredi 26 octobre 2016

(éco)Terroristes ? Lettre ouverte à Eric Denécé

Un article du Paysan Breton paru le 6 octobre à l'occasion de l'Assemblée générale de l'Ameb (association pour le maintien de l'élevage en Bretagne) petit lobby d'industriels de l'élevage -voir les adhérents sur le lien cité-, rapporte l'intervention d'Eric Denécé, Directeur du centre de français (privé) de recherche sur le renseignement, caressant les éleveurs dans le sens du poil, et traitant les "animalistes" que moi j'appelle défenseur.es des animaux, d'(éco)terroristes à la Daech ou Al-Qaïda ! Rien de moins. En stigmatisant les chômeur-euses, puisque c'est désormais le sport préféré des élus et ministres de ce pays !

Réponse d'une ex-chômeuse à la forteresse assiégée et masculine de l'élevage :
-Billet écrit au féminin neutre

" Les membres de ces micro-groupes sont des personnes avec beaucoup de temps libre qui sont soit en retraite ou au chômage "
"Tout ayant été essayé contre le chômage", ou plutôt personne ne voulant s'occuper du problème qui dure depuis 40 ans, diffamer les chômeuses* est devenue une stratégie : fainéantes, mal sapées, alcooliques, et n'arrivant pas à se lever le matin selon les Sarkozy, et tous ministres du travail de droite comme de gauche ! Denécé double la stigmatisation par une contradiction : si les chômeuses ne sont pas des fainéantes inadaptées et incompétentes "éloignées de l'emploi", lorsqu'elles s'impliquent dans un travail bénévole, elles choisissent bien mal leurs causes. Retrouver l'estime de soi en s'engageant pour les animaux et l'environnement, ce n'est pas bien non plus, on a toujours tort. Denécé, qui n'a jamais cherché de travail va vous expliquer là où il faut aller bosser (gratos) pour se rendre utile : se dévouer à un mari et à ses enfants sans aller encombrer les statistiques du chômage, c'est encore ce qui convient le mieux à une femme**. Supplétive, salaire d'appoint, bénévole, dévouée, mais sans salaire et, du coup, sans points de retraite.

Les causes animale et environnementale, il se trouve que c'est le choix que j'ai fait quand le chômage s'est éternisé, et que les portes des entreprises me claquaient au nez . Les non réponses aux annonces et à mes relances : "mais Madame, vous avez combien on a reçu de 
réponses ? Évidemment que vous avez reçu des tas de réponses à vos tas d'annonces mal rédigées et multidiffusées, c'est le contraire qui serait étonnant ! ", et même comme résultat de mes déplacements à mes frais pour des RV dont je sais maintenant que ces incompétents de mecs me faisaient venir par CURIOSITE parce que j'étais la seule femme à répondre*** ! Ils n'ont jamais eu l'intention de me recruter, j'en suis sûre maintenant.

En me rendant à ces RV (en allant visiter mes clients ensuite), j'ai suivi nombre de camions de dindes, poules, vaches, cochons..., allant à l'abattoir, vers la Bretagne Nord, la Bretagne Sud, vers Laval, Le Mans, Nantes, vers la Basse-Normandie : je suis environnée d'abattoirs dans toutes les directions (72 rien que sur les quatre départements bretons, sur les 183 que compte le territoire français).
Mais c'est moi la fainéante et la terroriste ?

Une grosse douzaine de fois, allant du bénin au carrément grave et menaçant, j'ai été arrêtée sur les RN12, 24, 67, 137, 175..., par des syndicalistes de la FNSEA ou d'autres syndicats ayant des griefs a faire valoir, alors que j'allais signer mon premier contrat commercial et que j'étais en période d'essai, soit en allant travailler en CDD, levée à 5 H du matin pour prendre mon poste au Mans à 8H30 (1H30 de route) à l'aise, et où une fois, j'ai mis 7H30 pour rejoindre la ZI Sud du Mans, où je suis arrivée à 13H30, juste parce que le syndicat des producteurs de bétail avait bloqué la barrière de péage de La Gravelle (Vitré) pour faire valoir ses revendications de pleureurs**** corporatistes mâle-traitants -il n'y a que les chômeuses et précaires qui ne chialent pas dans ce pays !
Et c'est moi la terroriste et la fainéante ?

C'est ce jour-là que je suis devenue végétarienne, et que je m'y suis tenue, merci le syndicat des producteurs de bétail. Trois ans après, au chômage non indemnisé (je m'auto-subventionnais à l'inverse des startup que je visitais, startup maintenues en vie grâce aux perfusions à fonds perdus venant des grandes poches de cette bonne fille qu'est la Bretagne vis à vis des mecs : quand on est subventionné on n'a pas besoin de commerciaux, l'argent tombe du ciel !), je rentrais comme bénévole dans une petite association de protection d'animaux dits "de rapport" où j'ai milité 13 ans, acquérant ainsi des connaissances en agriculture élevage. A la même époque -j'avais plein de temps libre- j'ai milité 4 ans durant dans une association féministe locale : doublement terroriste, j'aggrave mon cas. Et, horreur, les deux fondatrices (chômeuses aussi) ainsi que les militantes engagées étaient végétariennes !

Savez-vous, Eric Denécé, que ce sont les environnementalistes qui meurent ? Tués, soit par la police (Rémi Fraisse en France à Sivens), soit par des barbouzes françaises (Fernando Pereira, photographe de Greenpeace lors du sabordage du Rainbow Warrior par les services secrets français en 1985), soit par des braconniers (les gardes des parcs nationaux africains, Dian Fossey au Rwanda en 1985 aussi...), soit par des miliciens, comme Berta Cacerès au Honduras cette année en mars, et les militants des Peuples Premiers qui luttent partout pour conserver leurs terres contre la prédation de l'hémisphère nord riche ? On décompte 185 meurtres d'environnementalistes en 2015 dans le monde selon Global Witness, l'Amérique centrale et du sud étant très meurtrières.
Et c'est encore nous les terroristes ?

" De l'autre côté, les filières, entreprises et organismes ciblés ont peu de temps à consacrer pour se défendre parce qu'ils ont autre chose à gérer "
Désinformation pure : les associations de protection animales ne sont ni au parlement ni au sénat, les chasseurs, éleveurs et céréaliers, oui. Xavier Beulin, Président de la FNSEA, industriel céréalier qui touche des subventions est un homme influent auprès des politiques, pour commencer ; rappelons que ce syndicat qui voit disparaître 25 % de ses effectifs tous les 10 ans a déjà donné un ministre de l'agriculture, Luc Guyau ! Ils ont d'autres moyens que nos happenings, tables d'information, marches, expositions, ateliers, visites d'élevages, et nos essais de conviction auprès d'élus locaux ou régionaux. Nous n'avons jamais rien sali ni détruit, nous les environnementalistes et défenseures des
animaux : nous laissons généralement les endroits où nous manifestons, les lieux de nos tables d'information, plus propres que nous les avons trouvés ! Pas de casseuses voyoues dans nos rangs, pas de destruction, on aimerait en dire autant du côté de la FNSEA dont les adhérents collectionnent les procès pour destruction de biens et " troubles à l'ordre public ", comme vous dites en nous les attribuant.

" Phase du prophète, phase des disciples, phase de prosélytisme et propagande "
Utilisation à dessein de vocabulaire emprunté aux religions obscurantistes basées sur des croyances et pas sur la Raison pour discréditer notre mouvement, une tactique patriarcale d'inversion de la charge. Nous sommes un mouvement social de libération au même titre que le socialisme pour la classe ouvrière, le féminisme et le mouvement des Civils Rights pour les femmes et les noirs, ou encore l'écoféminisme qui se dresse contre la honteuse exploitation sans frein de la nature et des femmes, sans comptabilisation de leurs ressources et contributions dans les PIB marchands masculins.

Nous sommes des pacifistes et des non violentes, des empathiques, des personnes concernées et nous sommes des femmes en majorité. Vos accusations sont haineuses et stigmatisantes, classistes, sexistes, spécistes, car bien sûr vous marchez aux côtés des petits lobbies dont l'influence toxique est inversement proportionnelle à la taille : FNSEA, CNIEL, INRA, Producteurs de viande..., tous ceux qui ont imposé une agriculture élevage industrielle, sans débat, et ont contribué à détruire depuis 60 ans, les paysages, les communautés paysannes, les espèces animales et végétales sauvages et la biodiversité, que vous rêvez  tous de voir derrière des murs électrifiés (loups, ours, lynx...) pour faire occuper les espaces naturels sauvages par vos animaux domestiques. Une vraie inversion patriarcale là encore. Vous n'aimez que les alignements, une seule tête un seul T-shirt, des reproductions à l'identique ; des animaux d'élevage qui nous ont accompagné depuis le Néolithique, vous n'avez gardé que les plus productifs à vos industries "agro-alimentaires" pour parler votre novlangue. Et pour compléter le tableau, le racisme : " rien ne garantit que des activistes de l'étranger ne les aident à préparer des actions violentes ", l'étranger violent, voilà l'ennemi finalement.

Alors pensez, des gens qui se dressent entre vous et les animaux, entre vous et la diversité menacée par la marchandisation des semences, des corps et du monde, entre vous et la cruauté, entre vous et vos antagonismes ontologiques, c'est la remise en cause de vos dogmes, de vos croyances obsolètes et obscurantistes, de vos pratiques "traditionnelles", "ancestrales" inamendables, incritiquables, sans atteindre à votre crispation identitaire. Vous représentez le passé : il n'y a aucun moyen qu'une humanité à 10 milliards mange de la viande 2 ou 3 fois par jour, sauf à déclarer que seuls 3 milliards auront accès à ce privilège, et que les autres peuvent crever. Votre réaction outrancière prouve que nous tapons juste et au bon endroit. Il est plus que temps que nous nous levions contre la prédation patriarcale envers la Terre, les femmes et les animaux, c'est une question de survie de notre espèce, de toutes les espèces.


* A partir de ce moment, article écrit au féminin neutre  
** 85 % des bénévoles de toutes les associations sont des femmes.
*** Offres d'ingénieure commerciale, directrice commerciale ou d'agences.
**** Là c'est bien un masculin référant au particulier : je n'ai été arrêtée que par des mecs sur les routes où je passais.

samedi 22 octobre 2016

Prospective

J'ai eu affaire, il y a quelques temps, à ce twittos, venu me chercher des crosses sur Twitter : allez voir son header (têtière), il vaut le coup d’œil ! Je lui avais concocté 10 tweets qui lui avaient bien plu. Les voici réunis en texte pour cet article :

" Le couillosaure a été déclaré éteint circa 2125-2175 (date incertaine). Autre nom (auto)attribué au couillosaure : homo sapiens sapiens. S'esclaffer est de bon aloi. Rigolons.


Deux raisons principales à son extinction :
1 - ses génitoires qu'il confondait avec son cerveau, et
2 - la dispersion par lui dans l'environnement de molécules chimiques se bâfrant de ses spermatozoïdes.

Quelques femmes, fines mouches, ont décidé qu'il était temps de faire sécession d'avec ce loseur ; elles tentent depuis de reconstituer une société, à défaut d'une "civilisation", et de vivre en paix avec les autres espèces dont les populations se reconstituent, la gâchette du couillosaure étant désormais éradiquée.

Feminina sapiens sapiens sapiens se reproduit grâce à de nouvelles techniques de génie génétique, avec parcimonie et raisonnablement.

Le buddleïa (buddleia davidii), arbuste des ruines et des rocailles, "dont les racines sont plus fortes qu'un marteau-piqueur" effrite lentement mais sûrement les érections et tours que le couillosaure construisait sans frein, pour certifier son passage, sa grandiosité et sa suprématie."

Le coup du buddleïa (arbre à papillons) m'a été soufflé par Mike Davis dans Dead Cities, dont je recommande chaleureusement la lecture. 126 pages sur la destruction historique de villes pour terminer la guerre 39-45 : Dresde, Berlin, Tokyo, Hiroshima...) qui valent tous les romans post-apocalypse de la dernière décennie -la fin du monde a déjà eu lieu plusieurs fois- alors que Davis est historien de l'urbanisme. Vous l'avez compris je suis fane de cet auteur (néo-marxiste) dont tous les ouvrages sont à lire toutes affaires cessantes. Une révélation, à trouver dans vos bibliothèques publiques. 

oOo 
Je suis en panne de box ADSL chez Esseffère, c'est la raison pour laquelle j'ai moins publié, car je travaille de mes bibliothèques publiques. Et j'expérimente l'autisme, le mutisme, la phobie sociale, l'incompétence masculines encadrées de "process industriels" imbéciles et inhumains appliqués aux services, dans la jungle des sociétés de télécoms ! J'espère pouvoir reprendre mon rythme habituel très bientôt avec quelques billets en réserve, de fond, et dans l'actualité comme d'habitude.

dimanche 2 octobre 2016

Deux événements artistiques féministes

Cette semaine, je mets en avant (bénévolement) deux événements féministes enthousiasmants, arrivés opportunément dans mon courrier et dans mes liens Twitter : à noter absolument sur vos agendas. 

Women in Arts


Le mouvement artistique des Guerilla / Gorilla Girls est un mouvement de sept femmes artistes féministes, né au printemps 1985 à l'occasion de l'inauguration par le MoMA de New York d'une exposition sur les artistes contemporains peintres et sculpteurs. Sur les 169 artistes exposés, il n'y avait que 13 femmes, ce qui mit le feu aux poudres. Les femmes figurent généralement nues, comme sujets de tableaux ou dans la statuaire des musées et expositions, mais les femmes artistes sont, (comme ailleurs), effacées de l'histoire, dénoncaient-elles. Le mouvement consiste toujours en l'édition de tracts et d'affiches, en happenings publics où elles apparaissent avec des masques de gorilles pour garder l'anonymat ; sur un de leurs tracts ci-dessous, un tableau comparatif, on voit que la (faible) progression entre 1985 et 2014 est de 10 % en moyenne, il peut ne pas y en avoir du tout (none at all) !


Heureuses parisiennes : du 9 septembre au 12 novembre 2016, elles exposent leurs affiches avec l'Association La Barbe, à la Galerie Michèle Didier. Allez voir ça si vous êtes sur place ou si vous passez à Paris !


Lien supplémentaire : un article anniversaire du Guardian, en anglais, mais avec des belles photos et illustrations : The Guerilla Girls : 30 years of punking art world sexism.

Women in math

A noter sur vos agendas pour début février 2017, la sortie du film de Theodore Melfi : Hidden figures (Les Figures de l'ombre -selon la traduction française approximative), l'épopée des 4 femmes, dont trois astro-physiciennes afro-américaines qui calculèrent les trajectoires de vol du Projet Mercury et du vol Apollo 11 de 1969, qui mit en orbite et ramena sur terre l'astronaute John Glenn. Leurs noms, Dorothy Vaughan, mathématicienne, Katherine Johnson, physicienne et ingénieure spatiale, Mary Jackson, ingénieure, et Christine Darden, mathématicienne, ont été jusqu'ici effacés de l'histoire car elles étaient femmes, et noires, avec la circonstance aggravante que la ségrégation raciale faisait rage. Évidemment, le film est très hollywoodien spectaculaire, truffé de bons sentiments a posteriori, comme le montre bien la BA ci-dessous :



La vidéo peut être visionnée sur un écran plus grand sur le site de Challenges.
Moi, je ne bouderai pas mon plaisir, j'irai le voir à sa sortie en salles.
Pour en savoir plus sur ces géniales scientifiques, suivre le lien : Nasa : des mathématiciennes noires au cœur de la conquête spatiale américaine.

Math is for grrrrls !